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Questions et réponses sur les médicaments antipsychotiques

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Article rédigé par le Dr Cédric Devillé, Médecin adjoint, Unité de Psychiatrie du Jeune Adulte, HUG

Les antipsychotiques (anciennement appelés neuroleptiques) appartiennent à la famille des psychotropes (médicaments agissant au niveau du cerveau). Ils sont efficaces pour traiter les symptômes psychotiques de manière spécifique, mais sont aussi utilisés comme traitement de la stabilisation de l’humeur, des troubles de régulation de l’émotion et de l’anxiété.

Dans ce contexte, les antipsychotiques sont  principalement prescrits lors de :

  • symptômes psychotiques qui varient selon les individus. Ils peuvent provoquer notamment  des  troubles de la perception  susceptibles d’affecter les cinq sens (par exemple, des hallucinations visuelles ou auditives), des troubles de la pensée tels que des idées décousues ou incohérentes à caractère persistant (idées dites délirantes) ou, alors, un manque important de motivation, d’énergie et d’envie ainsi qu’une incapacité à éprouver du plaisir lors d’activités habituellement plaisantes.
  • troubles associés à la manie (état de « surexcitation » mentale et physique) tels de l’exaltation exagérée, un débordement d’énergie ou une réduction importante du temps de sommeil.
  • symptômes anxieux très perturbants et d’importantes difficultés à réguler les émotions négatives intenses.

Quels sont les effets secondaires ?

Les effets secondaires ne sont pas systématiquement présents et dépendent de l’antipsychotique prescrit et de la réaction individuelle au médicament. C’est pourquoi il est très important, lorsque le ou la médecin vous le prescrit, de ne pas partager ce traitement, car il s’agit d’un traitement individualisé, choisi et dosé pour une personne en particulier. En effet, ce qui convient à une personne peut provoquer des effets secondaires chez une autre.

En cas d’apparition d’effets secondaires, votre médecin adapte la dose ou change de molécule antipsychotique. Parfois, cela vaut la peine d’attendre quelques jours, car ces effets secondaires tendent à disparaitre. Les effets secondaires peuvent être dans certains cas de l’ordre de l’akathisie (sensation d’impatience avec une impossibilité de rester en position assise ou l’envie de bouger), de rigidité musculaire, de syndrome métabolique (diabète, hypercholestérolémie,…), de tremblements ou de prise de poids.

Quand ressent-on les effets positifs du traitement ?

Selon le  symptôme que l’on cherche à traiter en premier, les antipsychotiques peuvent agir assez rapidement. Exemple : pour un ou une  patiente qui ne dort pas bien depuis plusieurs jours, un traitement antipsychotique de type « sédatif » agira vite, en quelques heures. De même, une forte agitation ressentie sera vite calmée par un antipsychotique de type « incisif». On dit d’un antipsychotique qu’il est « incisif » lorsqu’il agit assez vite et franchement sur la symptomatologie.

Par contre, pour soulager les hallucinations, les délires ou le manque de motivation, d’énergie et d’envie, le traitement par antipsychotique peut prendre jusqu’à quelques semaines pour agir. D’autres médicaments sont souvent une alternative pour aider les patients et les patientes à soulager les symptômes pendant ce délai.

Quelle est la durée du traitement antipsychotique ?

Tout dépend de la maladie et des symptômes visés.

Dans certains cas, le traitement antipsychotique n’est prescrit qu’à une seule occasion pour diminuer des symptômes anxieux ou d’insomnie, qui régressent en quelques jours ou semaines. Et il ne sera plus jamais nécessaire de recourir à ce type de médicament.

Cependant, il arrive souvent que des patients ou patientes soient hospitalisées pour une « crise » ou  une « décompensation » psychotique, c’est-à-dire avec des symptômes psychotiques sévères et invalidants. Dans cette situation, il s’agit de prendre en compte l’évolution et la réponse au traitement de chaque  personne. L’expérience montre qu’une première décompensation psychotique nécessitera un an de traitement antipsychotique post-crise, cinq ans de traitement post-crise s’il s’agit d’une deuxième crise et un traitement au long cours s’il y a eu trois crises ou plus ou que les symptômes psychotiques durent depuis plus de six mois.

Comment agissent les antipsychotiques ?

Les antipsychotiques sont des médicaments qui interviennent au niveau du cerveau en exerçant une action sur différents neurotransmetteurs. Les neurotransmetteurs sont des messagers sous forme de substances chimiques cérébrales naturelles.  Ils permettent de transmettre une information d’un neurone à l’autre. Lors de symptômes psychotiques, cette transmission est altérée.

Le principal neurotransmetteur impliqué dans les symptômes psychotiques est la dopamine. Celle-ci, en excès dans certaines zones du cerveau, peut induire les symptômes tels que délires, hallucinations, état agité. A l’inverse, dans certaines régions cérébrales, la dopamine manque, ce qui provoque des symptômes tels qu’une absence de motivation, d’énergie, de prise d’initiative, d’envie, d’intérêt ou un appauvrissement du langage spontané, par exemple.

Les antipsychotiques agissent donc sur la dopamine en « rectifiant » ses excès ou ses carences.

D’autres questions fréquemment posées sur les antipsychotiques

  • Est-il important de traiter assez rapidement des symptômes psychotiques ?

Oui. En raison de la souffrance engendrée et aussi du risque de chronicisation, il est recommandé de traiter des symptômes psychotiques assez rapidement afin que le cerveau puisse récupérer son fonctionnement.

  •  Est-ce que je peux développer une addiction à un traitement antipsychotique ?

Non, il n’existe pas de risque de dépendance avec les antipsychotiques.

  • Est-ce je risque d’avoir des effets secondaires lorsque j’arrête le traitement antipsychotique ?

Non. Toutefois, il arrive que des symptômes psychotiques réapparaissent dans les semaines, voire dans les mois, qui suivent l’interruption du traitement. Il est donc essentiel de discuter de l’arrêt du traitement antipsychotique avec votre médecin et de planifier, cas échéant, une diminution progressive jusqu’à l’arrêt complet. C’est pourquoi un suivi de quelques mois par un médecin est conseillé suite à un arrêt de  ce type de traitement.

  • Est-ce que mon entourage, mes proches par exemple, peuvent remarquer que je prends un traitement ?

Non, même le médecin ne peut pas le déceler. Pour le savoir, le médecin doit vous interroger sur les effets secondaires et faire le lien avec le médicament prescrit.

  • Et si j’oublie un jour mon traitement ?

Un jour, ce n’est pas grave, mais il faut savoir que c’est un traitement qui se prend tous les jours de manière régulière. Si vous avez oublié plusieurs prises, parlez-en avec votre médecin.

  • Et l’alcool, le tabac ou le café avec ce traitement ?

Si vous buvez du café ou vous fumez, parlez-en avec votre médecin car cela peut interférer avec votre traitement. Même conseil pour l’alcool car, comme les antipsychotiques, il est dégradé par le foie. La combinaison des deux entraîne une accumulation d’alcool dans le sang avec le risque de vous rendre plus sensible lors de la prise d’alcool (en potentialisant ses effets) ou de diminuer l’efficacité de votre traitement.

Et vous, avez-vous des questions ? Je vous répondrai volontiers sur ce blog!

Publié par Tatiana Aboulafia Brakha

Docteure en psychologie clinique et psychothérapeute reconnue au niveau Fédéral.

2 commentaires

  1. Bonjour Cédric,

    Qu’est-ce qui pose problème dans cette médication :
    15 mg de mirtazapine le soir depuis 20 jours
    20 de citalopram (augmenté progressivement) depuis 4 jours actuellement
    2 x 1 mg de temesta depuis 6 mois

    C’est une prescription de mon médecin psychiatre.

    Je suis très fatiguée et mes angoisses ne partent pas. Je me réveille à 4h30 le matin sans me rendormir.

    Je dois voir un nouveau médecin dans 2 semaines.
    Bien à vous

    Répondre

  2. Bonjour à vous! J’ai des effets secondaires qui persistent depuis maintenant 3 mois car on m’a prescrit du risperidone, de l’Atarax et du lepticur. J’en ai pris pour la première fois durant 3 jours et les effets secondaires sont une dyspnée, des palpitations au repos et une hypertension. Pourtant tous les examens que j’ai faites sont normales.
    En ce moment, je suis désespéré et je n’ai plus envie de vivre car je ne peux plus poursuivre mes études avec cet Essoufflement quotidienne.

    Répondre

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