Trouble de la personnalité émotionnellement labile (trouble de la personnalité borderline)
Article rédigé par:
- Camille Nemitz Piguet, MD, PhD, Psychiatre et Psychothérapeute FMH, Cheffe de Clinique Scientifique dans le Service de Psychiatrie de l’Enfant et de l’Adolescent des Hôpitaux Universitaires de Genève
- Tatiana Aboulafia Brakha, Docteure en Psychologie Clinique et Psychothérapeute reconnue au niveau Fédéral
Pour commencer… qu’est-ce un trouble de la personnalité ?
Nous avons tous des traits de personnalité, sans que cela soit considéré un trouble. Globalement, la personnalité représente la manière d’être dans le monde, de ressentir les choses, d’agir et d’interagir avec les autres, et a tendance à être stable dans le temps. On parle de trouble de la personnalité lorsque cette manière d’être est rigide et engendre de la souffrance pour soi-même ou pour l’entourage, et qu’elle se manifeste dans différents environnements (par exemple, vie privée, école, travail, loisirs). Le fait qu’il y ait une souffrance est un critère important pour définir le trouble.
Trouble de la personnalité émotionnellement labile/limite/borderline
Ces différents termes désignent en réalité la même maladie, qui se caractérise principalement par une instabilité émotionnelle (difficultés à réguler les émotions qui sont par ailleurs très intenses) et relationnelle (l’autre est d’abord idéalisé, puis soudain dévalorisé), s’accompagnant d’une grande peur de l’abandon. Bien évidemment, l’instabilité émotionnelle et relationnelle vont de pair, car il est difficile de maintenir des relations stables lorsqu’on n’arrive pas à réguler ses émotions (notamment la colère – voir article en question). D’autre part, il est aussi difficile de se sentir émotionnellement apaisé si l’on casse souvent nos liens relationnels. Cela a souvent des répercussions sur les projets, le travail, les études, créant encore plus d’instabilité.
Identité, conduites à risque, dissociations
Dans ce contexte de changements multiples, auquel s’ajoute un grand besoin d’acceptation, il est difficile d’avoir une sensation d’identité claire. Pour se faire accepter, les personnes avec un trouble de la personnalité borderline peuvent fréquemment changer d’idéaux, de valeurs, d’envies, ce qui accroît la sensation d’instabilité et la difficulté à réguler les émotions.
Par ailleurs, pour soulager les états émotionnels qui sont souvent très intenses, certaines personnes adoptent des conduites à risque, comme par exemple se couper la peau (scarifications) ou se faire du mal d’une autre manière, en consommant beaucoup d’alcool, des drogues ou en ayant une alimentation perturbée. Par exemple, en ingérant de trop grandes quantité de nourriture en peu de temps, suivi parfois de vomissements ou de périodes d’importante restriction alimentaire. Ces comportements peuvent provoquer des sensations fortes et entrent ainsi en concurrence avec les émotions désagréables. Ils permettent d’extérioriser la souffrance psychique, ou de l’oublier. La stratégie semble donc marcher momentanément, mais sur le long terme, elle augmente la honte, la culpabilité et les « dégâts » causés auprès de l’entourage, ce qui redémarre le cycle d’instabilité émotionnelle. Les comportements auto-dommageables sont difficiles à contrôler, car ils sont souvent liés à l’impulsivité qui peut être très marquée chez les individus ayant un trouble de la personnalité émotionnellement labile.
A l’extrême, comme les personnes ressentent une sensation de mal-être très intense, des idées suicidaires peuvent apparaître (mettre lien de l’article idées suicidaires). De même, il est possible dans les moments de tension intense d’être mal au point de se sentir presque détaché de soi-même ou d’entendre des voix. C’est ce qu’on appelle un phénomène de dissociation. Quand la tension s’apaise, cette sensation disparaît, mais cela reste très angoissant pour la personne.
Est-ce grave ?
La gravité dépend de l’intensité des manifestations. Lorsque le trouble est sévère, la souffrance est très intense et il existe parfois un risque pour la vie. La forme sévère de ce trouble empêche souvent les personnes de s’épanouir dans plusieurs domaines de la vie, comme le travail, les relations amoureuses ou les relations amicales. De plus, ce trouble est souvent lié à des abus émotionnels, physiques ou sexuels, à des traumas, qui compliquent le tableau : la personne peut souffrir, en même temps, d’un problème de dépression, d’un état de stress post traumatique et d’hyperactivité.
Existe-t-il des traitements ?
Le traitement principal est la psychothérapie. Différentes approches psychothérapeutiques ont prouvé leur efficacité. Elles en en commun de cibler ces mécanismes de régulation des émotions afin d’améliorer les relations interpersonnelles de la personne, en diminuant les comportements dits « auto-dommageables ». Ces psychothérapies peuvent se focaliser sur la régulation des émotions et la gestion du stress (Thérapie Comportementale Dialectique), sur la capacité de comprendre les intentions derrière les comportements (Thérapie basée sur la Mentalisation) ou sur la relation thérapeutique elle-même. Un traitement médicamenteux est parfois nécessaire en complément à la psychothérapie pour traiter la dépression qui est souvent présente en même temps, ou atténuer l’impulsivité et l’anxiété. .
Dans tous les cas, si vous vous sentez concerné.e et surtout si les difficultés que vous rencontrez ont un impact important sur votre vie, vous êtes vivement encouragé.e à en parler à votre entourage et à votre réseau de soins afin d’être orienté.e au mieux vers une prise en charge adaptée.
Tout commentaire sur cet article est bienvenu, que vous soyez concerné, un proche ou un professionnel du domaine. Merci d’avance pour votre contribution!
Pour plus d’information à ce sujet: cliquez ici pour accéder à la vidéo du Professeur Nader Perroud sur RTS Découverte à propos du trouble de la personnalité borderline. A noter que le professeur Nader Perroud dirige l’Unité des Troubles de la Régulation Emotionnelle (TRE) aux HUG ( Rue de Lausanne 20bis, 1201 Genève. Tél: 022 305 45 11). Cette unité propose, entre autres, des évaluations du trouble de la personnalité borderline, ainsi que des soins spécialisés.
Souhaite une prise en charge
Pour diagnostic poussé suite à la première expertise établie confirmant la pathologie
Alors depose plainte et retrouve ou voit tes enfants
Le psychatre me dit labile, normal je viens d’avoir deux enfants qui m’ont été volé des la naissance.
Oui, certains medecins vous attri-
buent ces qualifi-catifs,sans aucune explication! Et feraient mieux de s’analysent d’abord eux-memes!
Tellement vrai des cas des gros connards qui se vante d avoir fait des études.
Bâclées en réalité.
Et ça devient psychatre.
La simplicité.
Tt les traitements se ressemble et tous les troubles.
Ils méritent de vivre au moyen âge.
Oui, certains medecins de famil-
le vous attribuent
ces qualificatifs, sans explication aucune! Et feraient mieux de s’analyser d’abord eux-memes!
L’article sur le trouble borderline est très précis et décrit exactement ce à quoi nous sommes parfois confrontés, le jeune borderline, et sa famille, lui, qui est sans formation, sans avenir, sans amis, sans vie amoureuse, ayant perdu totalement confiance en ses capacités et ses ressources, ayant perdu foi dans les soins inexistants, ou insuffisants, parce qu’il n’est jamais adapté au moule de la société, ni au moule d’une prise en charge psychiatrique. Nous, sa famille, épuisée par les crises d’angoisses ou de violence, et par le poids à porter en essayant de continuer à vivre. Une multitude de livres et d’articles passionnants mais aucune aide à certaines familles qui se meurent.
Je vous propose de regarder sur le site suivant: https://tpl-familles.org/
Le programme Connexions Familiales vise à soutenir les familles et il est proposé aux HUG:
https://www.hug.ch/sites/interhug/files/structures/specialites_psychiatriques/documents/connexions-familiales.pdf
Je vis actuellement la même situation et je comprends vos réflexions.
M’a fille est dans cet état depuis un événement dramatique qui a eu lieu à ses 12 ans.
Je me retrouve parfaitement dans la description d’une grande partie des “symptômes” de ce trouble de la personnalité. C’est mon diagnostic.
Le sentiment de solitude est immense lorsque l’origine de ce trouble provient de l’aspect pathogène du couple parental. Ça n’est même plus “un sentiment d’abandon” mais tout bonnement un abandon total par la famille que j’ai vécu. Je les dérange.
Oh memechosejarrive pas a m en sortir et cette année mon binôme victime d un homicide quelques mois plus tard suicide de ma fille